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jeudi 5 mai 2016

Deux jours de vertige d' Eveline Mailhot


Si vous aimez le cinéma de Rohmer alors, ce livre est pour vous ! Les autres, abstenez-vous : votre poil risque de se hérisser et vos allergies de refaire surface.
Des jeunes adultes se retrouvent dans une maison de campagne appartenant aux parents de l’un d’eux afin de fêter l’anniversaire de leur amie Félicie. Ils y resteront deux jours à discuter, s’observer, boire, manger…plus quelques activités annexes.
C’est tout ? Oui, c’est tout ! Et pourtant, j’avoue que je n’ai pas lâché le roman. Bon, c’est vrai, j’aime beaucoup Rohmer et je crois que c’est un livre qu’il aurait aimé adapter au cinéma.
La narratrice Sara est en quatrième année de thèse mais elle veut tout plaquer : « j’avais décidé de tout arrêter pour ouvrir un bar. Ou pour vendre des fleurs. ». On sent quelqu’un d’assez tourmenté, un peu perdu. Elle a vingt-neuf ans, l’âge où il faut se décider : quel métier, quelle vie, quel conjoint, quel endroit ? Pas simple en effet. Tout est à construire, à créer, à mettre en place. Et pour combien de temps ? Quand on y pense, ce ne sont pas les années les plus faciles de la vie : trop de décisions à prendre !
La voiture de Félicie et d’Alex arrive enfin. Ils semblent contrariés. Ça commence bien ! Sara apprend qu’en plus des copains prévus, Valérie et Gabriel, il y aurait Etienne et Hugo. Hugo Forest, celui qui l’a quittée il y a quelques années, la plongeant dans une douleur insondable.
Partagée entre l’appréhension de le revoir et la curiosité de le redécouvrir, elle se sent en miettes, s’interroge inlassablement sur son comportement et celui des autres, observe le moindre déplacement, analyse dans le détail des propos qui pourraient paraître parfaitement insignifiants, cherchant à comprendre qui elle est vraiment et qui sont ces gens qu’elle nomme ses amis.
Tout est décortiqué, passé à la moulinette : telle intonation, tel rire, tel sous-entendu, tel soupir. L’alcool aidant, les pensées s’emballent, le mal-être aussi. S’installe comme une impression de vacuité : « J’avais l’impression qu’on parlait autour de quelque chose et qu’on riait à l’écho de nos propres répliques. »
Faut-il être sincère ? Peut-on cacher ses émotions ? « Je taisais ce que je pensais la moitié du temps et j’édulcorais le reste. » Pas faciles les relations humaines surtout quand on est très sensible comme l’est Sara : « Il n’y avait sans doute que moi qui traînais les marques  du moindre tressaillement pendant des années. »
Certains ont recours à l’hypocrisie ou au mensonge, a-t-on le choix ? « Les gens dansent parfois ensemble. Mais personne ne pense à personne. » Doit-on faire semblant d’aimer, semblant d’être heureux, semblant d’être tout court ?
Questions qui donnent le vertige, qui font douter…
Au-dessus d’un petit groupe parti en promenade, semble planer comme une menace incarnée par des rapaces qui volent dans les airs, inquiétant fortement les jeunes filles. D’ailleurs, les cadavres d’animaux pullulent dans l’oeuvre jetant sur cette jeunesse l’ombre de la mort ou en tout cas, l’idée qu’ils ne vont pas s’en sortir comme ça. Mauvais présage en tout cas.

Un roman peut-être pas si léger qu’il en a l’air…

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